Merkos Chli’hout – visite des villes isolees

Un Juif avait un jour demandé au cinquième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Chalom DovBer :

« Rebbe, qu’est-ce qu’un ‘hassid ? »
« Un ‘hassid est un allumeur de réverbères. L’allumeur de réverbères marche dans les rues en portant une flamme au bout d’un bâton. Il sait que la flamme n’est pas la sienne. Et il va de lampe en lampe pour les allumer. »
« Et si la lampe est dans le désert ? »
« Alors il faut aller l’allumer »
« Et si la lampe est en mer ? »
« Alors il faut se déshabiller, plonger dans la mer, et aller allumer la lampe. »

Chaque été et dans le monde entier, le programme Merkos L’Inyonei Chinuch – la branche éducative du mouvement ‘Habad Loubavitch – envoie ses « rabbins itinérants » dans de petites communautés juives isolées.

Ces communautés, sans accès à des ressources juives, sont une préoccupation majeure. Le contact initial se fait souvent par le biais de notre Programme de Visites des Etudiants rabbiniques. Ceux-ci abandonnent volontairement leurs vacances personnelles pour voyager d’un endroit à l’autre afin de rencontrer leurs coreligionnaires, donner des cours, diffuser des publications juives… bref, planter les graines du judaïsme.

Ces étudiants dévoués, choisis pour leur compétence rabbinique et leur don de communication, se disputent l’honneur d’aider ces communautés éloignées et isolées. Ces affectations leur permettent également d’acquérir une expérience inestimable sur le terrain dans le domaine de l’action sociale juive, ainsi qu’une appréciation unique de la diversité des besoins et de la composition multiple de notre peuple.

C’est ainsi que chaque année à Pessah, pendant l’été et pour Roch Hachana-Yom Kippour, le programme Merkos Shli’hut envoie ses centaines d’étudiants rabbiniques visiter de petites communautés juives à travers le monde. Créé et dirigé par Rabbi Mena’hem M. Schneerson, de mémoire bénie, le Programme de Visites des Etudiants est l’un des plus anciens et des plus révolutionnaires programmes d’assistance, depuis sa fondation en 1943. Le rabbin Moshe Kotlarsky coordonne et développe ces programmes depuis plus de 25 ans, sous les auspices de Merkos L’Inyonei Chinuch.

Pendant Pessa’h et Roch Hachana-Yom Kippour, nos étudiants rabbiniques organisent des seders et fournissent des services pour les Juifs de ces communautés, dont beaucoup ne participeraient à aucune Fête autrement. Comme la plupart des endroits qu’ils visitent n’ont pas de présence juive à temps plein, nos étudiants rabbiniques apportent avec eux tout le matériel judaïque nécessaire aux Fêtes : vin cachère, matsa pour Pessa’h ou ‘hala le reste de l’année, poulet cachère, viande et poisson, et Hagaddah ou livres de prière. Pendant les mois d’été, les étudiants rencontrent les personnes juives sur place, partagent avec elles leur passion pour la vie juive et leur apportent la conscience et l’observance juives.

Histoire

En 1943, le Rabbi mit en place un système visant à approfondir le lien entre les Juifs américains vivant dans des lieux reculés et leur peuple et leur religion. Sous la direction de son beau-père, Rabbi Yossef Yits’hak Schneersohn de mémoire bénie, le Rabbi a créé le programme Merkos Shlichus, envoyant des étudiants de yeshiva dynamiques et armés de son aide spirituelle visiter dix villes du nord de l’État de New York durant l’été. En 1944, un certain nombre de villes de Californie furent ajoutées au programme et en 1945, le Grand Sud des États-Unis était également inclus.

En 1948, la participation au programme d’été s’était élargie, comprenant une vingtaine d’étudiants et une centaine de villes américaines. Ces premiers groupes se composaient généralement d’une personne anglophone et d’un immigrant européen.

À la fin des années 40, le programme s’est étendu pour répondre aux besoins des agriculteurs juifs dispersés à travers le nord-est des États-Unis. Bon nombre de ces agriculteurs étaient des immigrants européens éloignés de toute communauté juive. Les étudiants leur apportèrent de la littérature thoraïque, très appréciée, ainsi que des abonnements à des périodiques yiddish. De grands efforts furent entrepris pour permettre à leurs enfants d’étudier dans les écoles juives des grandes villes. Ce service fournissait également un « centre ‘Habad » mobile mais complet, qui circulait de fermier en fermier.

Les élèves passaient ainsi des mois entiers sur la route, se nourrissant souvent uniquement de matsot, poisson en conserve et légumes pendant des semaines. Le Rabbi lisait avec empressement leurs rapports envoyés par la poste, en plus de les débriefer longuement à leur retour. Les étudiants furent souvent étonnés par la sollicitude du Rabbi pour la vie juive dans ces communautés reculées, et par la connaissance intime qu’il en avait.

Au début des années 1950, le Rabbi ajouta des destinations internationales à cette liste croissante. Ces tournées étaient des marathons éreintants, incluant souvent des dizaines de pays sur de multiples continents. Le Rabbi se penchait sur les cartes, sur les statistiques, et choisissait personnellement les itinéraires.

Aujourd’hui

Sardaigne, Bosnie, Pékin, Hawaï, Pays de Galles, Grande-Bretagne, France… Les représentants ‘Habad ont apporté aux Juifs non seulement la Torah, mais également joie et entrain, dans des milliers de villes à travers plus de cent cinquante pays.

Les centaines de jeunes étudiants qui participent à ce programme annuel sont à l’avant-garde de la vie juive. Ils visitent des milliers d’endroits reculés en Asie, en Europe, en Amérique et ailleurs. Leurs bagages comprennent de la nourriture cachère, des livres et du matériel éducatif juifs, ainsi que des Tefilines, Mezouzot et autres articles religieux. Au total, ce sont chaque année des milliers de Mezouzot et des dizaines de milliers de lettres et colis contenant de l’information juive qui sont distribués dans des milliers de communautés.

« Notre objectif est de rendre le judaïsme accessible, accueillant et pertinent pour tous les Juifs, partout dans le monde », déclare le rabbin Moshe Kotlarsky, vice-président de Merkos L’inyonei Chinuch, qui supervise le programme.

Dans une petite ville de Serbie, la petite communauté juive avait un chofar, mais personne ne savait comment ni quand l’utiliser… En Ontario un cours de Torah animé suscite la réflexion de chacun… Ailleurs encore, une jeune famille profite de l’ambiance joyeuse créée par les shabbatons organisés par ces jeunes étudiants rabbiniques.

En de nombreux endroits ils sont devenus partie intégrante du tissu de la vie juive, car leurs visites annuelles sont devenues un moment culminant très attendu, et une source d’inspiration pour l’année entière.

En France, nous suivons le programme que le Rabbi a tracé. C’est ainsi qu’au moment des Fêtes et pendant les mois de Juillet-Août, le Bureau Loubavitch Européen délègue de nombreux jeunes étudiants rabbiniques de Yechiva en Bretagne, en Normandie, dans le Centre et dans d’autres régions encore, pour semer les graines du judaïsme et allumer les réverbères partout où se trouve une petite communauté, avec dévouement, joie et bonne humeur.